1) Je trottinais dans mes p’tites grolles, A côté de moi ma mère marchait. Mais qu’il était long le chemin de l’école ! Faut dire qu’à six ans tout est démesuré. C’était il y a bien longtemps, c’est un temps révolu : Il fallait être riche pour s’payer une bagnole Aujourd’hui y a plus d’place sur l’parking de l’école. Ces fragiles bambins, ça ne marche plus.
2) J’allais à l’école des garçons L’école des filles c’était à côté Car se mélanger l’en n’était pas question Des fois qu’à six ans on aurait fauté. C’était il y a bien longtemps, l’école entre quat’murs : On a ouvert les portes, on a tout mélangé Il y a même les parents qui peuvent protéger Leurs fragiles bambins quand le maître est trop dur.
3) Nos maîtres trônaient sur l’estrade Il étaient distants et on les craignait. C’était pas le temps de l’école en balade, Nous on restait dedans, dans l’odeur des craies. C’était il y a bien longtemps, la plume dans l’encrier : Y avait ni magnéto, ni PC, ni télé, On se tapait des lignes en pleins et en déliés. Aujourd’hui les bambins, ça tape sur un clavier.
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4) Et quand la cloche sonnait On allait se ranger, silencieux, alignés. Le maître nous faisait un p’tit sign’ pour entrer, A côté de nos bancs ensuite on attendait. C’était il y a bien longtemps, l’école des interdits : Il fallait lever l’doigt si on voulait parler Aujourd’hui c’est le maître, s’il veut être écouté Qui doit lever le doigt pour faire cesser les cris.
5) J’allais à l’école communale Par opposition à l’école des curés. Chaque jour on avait une leçon de morale, On nous y apprenait la générosité. C’était il y a bien longtemps, l’écol’ d’la République : On cherchait nos racines dans le peuple gaulois, Mais aujourd’hui les maîtres ont besoin de la loi Pour faire respecter les préceptes laïques
6) Quand je repense à mon école, A ces maîtres exigeants qui nous faisaient si peur Qu’on osait rarement y prendre la parole Je ressens malgré tout un pincement au cœur. C’était il n’y a pas si longtemps, à pein’ plus d’cinquante ans : Je crois qu’j’étais heureux, je n’avais pas besoin Qu’on vienne me materner, qu’on me tienne la main Car j’étais impatient de devenir grand … Et j’y r’pense aujourd’hui avec un cœur d’enfant.
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