1) La Jeanne en son jardin, Est venue ce matin, Heureuse elle se promène Surveillant son domaine. A 90 ans, Faut bien tuer le temps : Elle s’est levée tôt, Au premier chant d’oiseau
2) Si elle marche à l’aise, C’est grâce à ses prothèses, Si elle n’entend plus, Elle a encore bonne vue, Un cœur de jeune fille Et l’esprit qui pétille. Mais la moindre émotion Fait grimper sa tension
3) Il fait bon ce matin Au doux soleil de juin. Son jardin a vieilli Et pourtant resplendit. La mauvaise herbe y pousse, Envahi par la mousse Un peu plus chaque hiver Il est resté bien vert.
4) A l’ombre du vieux saule, Coupant une herbe folle, Jeanne admire ses fleurs De toutes les couleurs. Son regard se promène Ainsi sur son domaine. Tout est en harmonie Et Jeanne en est ravie |
5) Mais son oeil avisé Inspectant les rosiers Découvre, ô disgrâce, Une fleur qui trépasse. Promptement, trop peut être, Jeanne de tout son être, Se penche pour saisir L’objet du déplaisir.
4) Mais la terre est bien basse Et s’écroulant sur place, Jeanne vient se briser Au cœur de son rosier. Rose parmi les roses, Depuis longtemps éclose, Elle tempête et peste De n’être plus très leste.
5) On coupa le rosier Pour pouvoir dégager Jeanne de ses épines Aux griffures assassines, Et, le fémur brisé, Il fallut l’emmener. Les fleurs de son jardin Vont avoir du chagrin. |